Info ou intox: les véhicules électriques vont-ils crasher le réseau ?
Est-ce qu'une transition vers le tout électrique va faire s'effondrer s'effondrer le réseau ? C'est en tout cas ce que pensent certains détracteurs de la mobilité électrique. Ils anticipent des perturbations sur le réseau, qui pourrait devenir plus instable et nécessiter des travaux majeurs d'améliorations de l'infrastructure selon eux.
Le danger de l'électrification des vehicules ?
L'interdiction de la vente de véhicules thermiques planifiée pour 2030 par l'UE signifie que les acheteurs de voitures neuves auront trois options : les hybrides rechargeables (VHR), les véhicules électriques à batterie (VEB) ou les véhicules à pile à combustible à hydrogène.
À l'échelle mondiale, plus de quatre millions de VHR et de VEB ont été vendues à ce jour - et ce chiffre devrait passer à 138 millions en 2030.
Actuellement, les véhicules électriques ne représentent que 2,6 % des ventes mondiales de voitures. C'est peu mais l'évolution est très rapide ➡️ ils faisaient seulement 1 % du parc automobile mondial en 2019.
Or, selon les prévisions, les effets sur le réseau électrique ne se fera pas sentir avant que le nombre de VE sur les routes n'atteignent 15 %. D'après un rapport de Bloomberg New Energy Finance, ce niveau d'adoption ne devrait pas se produire avant 2035.
Impact des véhicules électriques sur le réseau
En théorie, si 80 % des voitures particulières devenaient d'un seul coup électriques, cela entraînerait une augmentation totale de 10 à 15 % de la consommation d'électricité.
Mais, on le sait : jusqu'à présent l'entrée sur le marché des véhicules électriques a été prévisible et le réseau électrique s'est développé en parallèle. De plus, les tendances actuelles du marché des VE montrent des transition taux d'absorption d'énergie faibles à modérés.
Selon une étude McKinsey, la croissance prévue de la mobilité électrique n'entraînera pas d'augmentation immédiate ou substantielle de la demande totale d'électricité du réseau électrique.
Cela signifie que les VE ne sont pas susceptibles de provoquer des interruptions soudaines de notre alimentation électrique et qu'il n'y a pas besoin de nouvelles capacités de production dans un avenir proche.
Ensuite, penser que les voitures électriques peuvent destabiliser le réseau impliquerait qu'elles se rechargent toutes à peu près en même temps, ce qui est fort improbable.
Comme l'a expliqué Pierre de Firmas, directeur du programme mobilité électrique d'Enedis devant les sénateurs en octobre 2022, cette menace peut être écartée en plannifiant la recharge en heures creuses :
"À l'horizon 2050, si l'on ne faisait rien, le pic de consommation qui atteint aujourd'hui un maximum de 80 gigawatts les soirs d'hiver vers 19 heures, pourrait augmenter de 12 %. Mais avec le pilotage de la recharge - pour l'essentiel en utilisant les heures creuses -, on réduirait à zéro cette augmentation du pic de consommation d'électricité."
La technologie utilisée pour un véhicule thermique basée sur la combustion d'énergie est - dans le meilleur des cas - 5 à 6 fois plus polluant qu'un véhicule électrique.
Comparatif de consommation dans le domaine des véhicules particuliers :
- Les voitures électriques consomment 25 % de la consommation d'énergie des thermiques 🚗
- Les camions électriques consomment environ 50 % de la consommation d'énergie de leurs équivalents diesel 🚚
Cela signifie que lorsque la majorité des véhicules dans nos rues sera électrique, la quantité totale d'énergie consommée par ces moyens de transport sera nettement inférieure à ce qu'elle est actuellement. Enfin, les véhicules électriques ne cesseront de devenir plus efficaces et écologiques dans le temps.
Les voitures électriques comme source d'énergie
Actuellement, notre système électrique subit une évolution sans précédent car la structure de production d'électricité devient rapidement neutre en carbone et simultanément plus instable, en fonction des conditions météorologiques.
Source : rapport de l'iea 2021
Sur l'échelle européenne, plus de la moitié de la production d'électricité est déjà neutre en carbone . La situation continue de s'améliorer de façon spectaculaire. D'ici 2030, les véhicules électriques devraient permettre de diviser par 4 les émissions de CO2, grâce à la contribution des énergies renouvelables dans le réseau européen d'électricité.
Mais les conséquences d'une dépendance accrue aux énergies renouvelables sont une plus forte volatilité du système électrique. Cela nécessite de la flexibilité et de la réactivité pour faire face à la demande et maintenir le système stable, fiable et (et proposant une énergie à des tarifs raisonnables).
Pour mieux anticiper les besoins en approvisionnement d'énergie, les véhicules électriques peuvent constituer une source inépuisable d'énergie, à la demande !
Non seulement les véhicules électriques ne sont pas une menace pour la stabilité du réseau électrique, mais ils peuvent se connecter au réseau électrique pour fournir ponctuellement l'énergie nécessaire dans un écosystème intégré.
En effet, les VE peuvent être considérés comme de grosses batteries sur roues. Ils permettent de stocker l'énergie et donc de l'utiliser à tout moment. Dans les prochaines années, nous disposerons d'un pool de véhicules électriques formant une réserve agrégée d'électricité, avec une puissance égale à celle d'un réacteur nucléaire.
D'ici la décennie 2040, les véhicules électriques totaliseront plus de 30 TWh de capacité de stockage de batterie installée .
Pour mettre cela en perspective, la France a consommé 473 TWh d'électricité en 2019.
Recharge intelligente et vehicle to grid (V2G)
Lorsqu'il s'agit de gérer la demande d'électricité pendant les pics de consommation ainsi que le réseau basse tension, la recharge intelligente peut résoudre la plupart des problèmes au niveau local et en zones résidentielles.
La recharge intelligente, également connue sous le nom de recharge V1G, fait référence à un système dans lequel un VE et une borne de recharge échangent des données afin d'optimiser la puissance et l'heure de connexion au réseau.
Ainsi, vous utilisez de manière optimale l'énergie disponible pendant une période de temps.
La batterie d'un véhicule électrique peut être utilisée pour stocker de l'énergie renouvelable pendant la journée lorsque la production est généralement élevée. Le soir, lors des pics de consommation, l'énergie peut être déchargée pour soulager la pression sur le réseau.
C'est là que la technologie vehicle-to-grid (V2G) a été créée.
En plus de contrôler la puissance de charge, le V2G permet aux véhicules de redonner l'électricité chargée dans les batteries au réseau, afin d'équilibrer les variations de production et de consommation d'énergie.
Pour les autorités publiques, cela signifie que les véhicules électriques offrent un stockage d'énergie bon marché, sans coût d'investissement et avec des frais d'exploitation relativement faibles. Non seulement les batteries de VE peuvent être utilisées pour aider à stabiliser le réseau, mais les électro-automobilistes ont la possibilité de gagner également de l'argent pour ce service.
Pour en savoir plus sur cette technologie, consultez notre guide du V2G.
Une légende sur la recharge de véhicules électriques
Bien que l'électrification de la mobilité s'accélère, une crise déclenchée par une demande massive et soudaine en énergie électrique n'aura pas lieu.
Rien n'arrive du jour au lendemain. La fin des ventes de véhicules thermiques en 2035 ne signifie pas que les voitures à combustion arrêteront de circuler à cette date. Il se passera encore plusieurs décennies avant de les voir disparaitre.
Les constructeurs, comme les états, ont suffisamment de temps pour planifier à l'avance.
En France, RTE (réseau de transport d'Electricité) voit d'un bon oeil la demande croissante de véhicules électriques et appréhende sereinement leur consommation en énergie.
Ce gestionnaire de réseau électrique estime que la production permettra d’alimenter la recharge de millions de véhicules d’ici 2035. Cela n'empêche pas RTE de préconiser aux ménages de se charger aux heures creuses pendant la nuit, où la demande en électricité baisse.
Mythes et réalités sur la mobilité électrique
Ceci est le premier volet d'une série d'articles de blogs de debunking : on casse les mythes et on corrige les idées fausses les plus communes. Avec des faits.
Continuez à lire:
- Info ou intox #1 : "Info ou intox : les voitures électriques ne sont pas écologiques"
- Info ou intox #2 : "La vérité sur les véhicules électriques & la pollution"
- Info ou intox #3 : "Info ou intox : faut-il craindre le manque d'autonomie des VE ?"
Si vous souhaitez en savoir plus sur les véhicules électriques et la recharge des véhicules électriques, consultez le guide complet ici 👇
Alerte nouveaux contenus
Vous pourriez aussi aimer
Ces articles connexes