Verdissement de la flotte : les entreprises françaises à la traine

écrit par Virta
4 min lire
16 mai 2023 10:15:00

La loi d'Orientation des Mobilités (LOM) a été instaurée pour inciter l'électrification des flottes d'entreprise. L'objectif est d'atteindre 20 % au 1er janvier 2024. Une étude T&E France prédit que la majorité des entreprises françaises n'arrivera pas à atteindre ce quota. L'organisation non gouvernementale Fédération européenne pour le transport et l'environnement (Transport et Environnement ou T&E) a publié une étude qui montre que les entreprises françaises n'ont pas suffisamment joué le jeu du verdissement des flottes de voitures jusqu'à présent. 

L'étude s'intéresse aussi bien aux grandes entreprises, à l’État et aux collectivités territoriales, portant sur un total de 5,7 millions de véhicules professionnels de France

Il en ressort qu'en 2022, 66 % des entreprises, 64 % des collectivités territoriales et 87 % des administrations n'ont pas réussi à atteindre le quota légal de 10 % de verdissement de leurs flottes.

Etude transport et environnement France

Source : Analyse de T&E sur la base des données SIV et Sirene (2022) traitées par NGC - Data

L'absence de contraintes de la loi LOM est-elle la raison de ces mauvais chiffres ? 

Les flottes de plus de 100 véhicules doivent progressivement être renouvelées pour ne comporter presque uniquement des véhicules propres d'ici 2030.

Chaque année, les gestionnaires de flotte remplacent les véhicules dans le cadre de leurs contrats de leasing. La transition doit donc se faire de manière douce, avec des échéances réalistes. 

  • 10 % de véhicules verts au 1er janvier 2022 ;
  • 20 % de véhicules verts au 1er janvier 2024 ;
  • 40 % de véhicules verts au 1er janvier 2027 ;
  • 70 % de véhicules verts au 1er janvier 2030.

La loi LOM ne prévoit pas de pénalités pour les entreprises qui n'auraient pas atteint leurs quotas. Les objectifs à atteindre reposent entièrement sur la bonne volonté (et la stratégie RSE) des entreprises et des administrations. Faut-il aller plus loin ? 

La stratégie de Name & Shame de T&E

En se basant sur les 100 plus grandes flottes françaises, T&E met en lumière les organisations françaises qui n'atteignent pas leurs objectifs de verdissement en les nommant (le name & shame). Ainsi, Kiloutou (0,1 % de véhicules électriques et hybrides rechargeables en 2022), Air Liquide (2 %), Saint-Gobain (3,4 %), Bouygues (8 %) ou Veolia (8,5 %) sont montrés du doigt. 

Selon T&E, les organismes publics ne sont pas mieux lotis. Parmi les plus mauvais élèves, on retrouve le Ministère de l’Intérieur avec 2,7 % de véhicules « verts » immatriculés et la Présidence de la République qui ne dispose d'aucun véhicule 100 % électrique dans sa flotte en 2022. 

Heureusement, certains prennent les devants et dépassent largement les objectifs, comme edf (35,3 %) ou la Poste (28,6 %) ou alors le Ministère des Armées parmi les acteurs publics. Sans compter aussi toutes les entreprises qui ne sont pas concernées par la loi LOM (leur flotte ne dépasse pas les 100 véhicules) mais décident quand même de convertir leurs flottes. 

Une conjoncture actuelle délicate 

La hausse des prix du carburant causée par la guerre en Ukraine, l'inflation galopante et les pénuries de pièces détachées et de semi-conducteurs ont poussé bon nombre de gestionnaires de flottes à repousser leurs commandes de nouveaux véhicules. 

Lorsque les entreprises avaient déjà auparavant passé commande, elles ont vu les délais de livraison des véhicules se rallonger et ont aussi dû prolonger les contrats de location en cours. 

ZFE et TCO

Malgré les difficultés, il est important que les entreprises se saisissent de ce sujet pour de nombreuses raisons. La première étant que le transport routier est responsable de 33 % des emissions de CO2 en France et qu'il faut urgemment baisser ces émissions pour éviter le pire des scenarios du GIEC

Ensuite, l'instauration des Zones à Faibles Emissions (ZFE) vont compliquer le travail des gestionnaires de flotte car cette loi interdit l'entrée dans les zones de forte densité (agglomérations de plus de 150 000 habitants) aux véhicules crit'air 4 et 5 - et bientôt 3 - sous peine d'amende. Dans le Grand Paris, le couperet tombera à partir de 2030. 

Pour finir, il est nécessaire de verdir sa flotte... pour des raisons économiques ! Il est désormais démontré que le coût total d'utilisation (TCO) d'un véhicule électrique est plus bas que son équivalent thermique. Bien qu'un VE soit plus cher à l'achat, les coûts d'entretien et les coûts de la recharge font drastiquement baisser les coûts de possession d'une voiture électrique. 

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